BANGLADESH - Actualité (1990-1996)

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République populaire du Bangladesh

Politique intérieure

Le 4 décembre 1990, le chef de l’État, le général Mohammed Ershad, en butte à un mouvement de protestation organisé par les partis d’opposition, annonce sa décision de démissionner de ses fonctions. Il était arrivé au pouvoir en mars 1982, après un coup d’État. Le 5, Shahabuddin Ahmed, président de la Cour suprême, est nommé vice-président à titre intérimaire par les partis d’opposition. Le Parlement est dissous le 6, et des élections sont prévues pour mars 1991. Le 12, le général Ershad est arrêté et placé en résidence surveillée. Il est accusé de trafic d’or et de détournement de fonds publics.

Le 27 février 1991, des élections démocratiques sont organisées pour la première fois depuis l’indépendance. C’est le Parti national (B.N.P.) de la bégum Khaleda Zia, veuve du président Ziaur Rahman, assassiné en 1981, qui arrive largement en tête avec 140 sièges sur les 300 à pourvoir. Il devance la Ligue Awami de Sheikha Hasina Wajed, fille de Mujibur Rahman, fondateur et premier chef d’État du Bangladesh, assassiné en 1975, qui n’obtient que 93 sièges. Le Jatiya, parti de l’ancien président Ershad, remporte 35 sièges et le parti islamique Jamiat-i-Islami, 18. La bégum Zia, qui obtient le soutien des islamistes du Jamiat, est nommée Premier ministre le 19 mars. Elle dispose de la majorité absolue grâce aux 30 sièges réservés aux femmes: 28 des titulaires élues par les députés sont membres du B.N.P. et 2 appartiennent au Jamiat.

Le 10 avril 1994, l’opposition paralyse le pays par une grève générale afin de forcer le gouvernement à organiser des élections anticipées. La Ligue awami souhaite chasser le gouvernement «corrompu et inefficace».

Le 3 août, l’écrivain féministe Taslima Nasreen, inculpée en juin d’«affront aux sentiments religieux musulmans», se présente devant la Haute Cour de Dhaka, qui la laisse en liberté sous caution. Elle vivait dans la clandestinité depuis qu’elle avait été menacée de mort, en septembre 1993, par les fondamentalistes musulmans, en raison d’écrits jugés blasphématoires. Le 10, elle s’exile en Suède.

En novembre et en décembre se déroulent des mouvements de grève générale visant à réclamer des élections. Ils se poursuivront en 1995. En décembre 1994, 147 élus de l’opposition, notamment islamiste, abandonnent leur siège dans le but d’obtenir la démission du gouvernement; depuis mars 1994, l’opposition boycotte les sessions du Parlement.

Le 15 février 1996, moins de 10 p. 100 des électeurs participent aux élections législatives anticipées que l’opposition avait décidé de boycotter. Celle-ci réclame la démission préalable du gouvernement de Khaleda Zia et l’organisation d’une consultation «libre et honnête» par un cabinet intérimaire. Le Parti national du Bangladesh, au pouvoir, remporte la totalité des 300 sièges du Parlement lors d’un scrutin marqué par de violents incidents.

Le 27 mars, Khaleda Zia cède aux pressions de l’opposition qui maintenait son mot d’ordre de désobéissance civile et ses appels à la grève générale. Elle demande au président Abdur Rahman Biswas de nommer un gouvernement «neutre» en vue de l’organisation de nouvelles élections. Le 30, celui-ci désigne Habibur Rahman, ancien président de la Cour suprême, à la tête d’un gouvernement intérimaire.

Le 12 juin, la Ligue Awami de Hasina Wajed, chef de l’opposition, remporte les élections législatives, avec 147 sièges sur 300. Le Parti national de Khaleda Zia n’obtient que 116 élus; le Jatiya, formation de l’ancien dictateur Mohammed Ershad, 31; et le Jamiat-i-Islami, parti fondamentaliste musulman, 2. Le 23, Hasina Wajed est nommée Premier ministre. Elle s’assure du soutien parlementaire du Jatiya. La Ligue Awami retrouve ainsi le pouvoir qu’elle avait perdu lors du coup d’État militaire d’août 1975.

Vie économique

En 1990, le pays est affecté par la crise du Golfe. Les transferts de fonds (chiffrés à 100 millions de dollars par an) effectués par les travailleurs expatriés en Irak et au Koweït cessent, ainsi que les exportations de thé à destination de l’Irak, pour respecter l’embargo des Nations unies. En septembre, le gouvernement prend de nouvelles mesures d’austérité, s’ajoutant à celles qui ont déjà été adoptées, en vue d’obtenir du F.M.I. une facilité d’ajustement structurel renforcé.

Le 30 avril 1991, un très violent cyclone dévaste les côtes du Bangladesh. La bégum Zia lance un appel à l’aide internationale: la C.E.E. décide d’allouer 12 millions de dollars, le Canada débloque 1,2 million de dollars et les États-Unis promettent 20 millions de dollars. Le bilan dépasse les 125 000 morts. Plus de 10 millions de personnes sont sans abri. Les dégâts sont évalués à 1,78 milliard de dollars.

En 1992, le taux d’inflation diminue et la situation financière de l’État s’améliore. Le pays ressent le besoin de diversifier ses activités: la confection, le jute, le cuir et les poissons congelés représentent près de 90 p. 100 des recettes à l’exportation.

En 1993, une série de statistiques satisfaisantes masque la médiocrité de la performance économique du pays, comparée à son potentiel. Ce décalage est le fait des handicaps traditionnels: lenteur du processus de réforme et de modernisation, inefficacité de l’administration, gestion défectueuse de l’aide étrangère et fréquence des conflits sociaux. La croissance atteint 5 p. 100, mais il serait nécessaire d’atteindre 5,5 p. 100 pour commencer à atténuer la pauvreté. La production agricole est en hausse, grâce à une récolte record de riz. De juillet 1991 à juillet 1993, 1 500 entreprises ont dû fermer leurs portes faute de disposer du capital nécessaire pour renouveler leurs équipements. Au cours des 20 dernières années, les investissements étrangers n’ont pas dépassé, au total, 500 millions de dollars. Le Groupe d’aide au Bangladesh accorde en avril 2,15 milliards de dollars.

En 1994, le gouvernement satisfait presque entièrement aux objectifs de son programme annuel de développement, quoique des retards soient encore enregistrés dans les domaines de la politique commerciale, du développement des ressources et des privatisations. Par ailleurs, le montant des investissements est encore insuffisant pour provoquer un véritable décollage économique.

En 1995, l’instabilité politique effraie encore un peu plus les investisseurs. L’année est marquée par une stagnation de la production agricole, principal secteur économique du pays.

En avril, le consortium d’aide au Bangladesh lui octroie 1,9 milliard de dollars, tout en déplorant le ralentissement des réformes à l’approche des élections de 1996.

En 1996, les résultats de l’économie restent profondément affectés par la crise politique. Toute reprise de l’activité dépend de la stabilisation de la vie politique, que l’alternance au pouvoir peut favoriser.

Relations internationales

Le 22 février 1990, le président François Mitterrand se rend au Bangladesh pour une visite de 3 jours. Il annonce la poursuite des efforts de la France en faveur du programme international de contrôle des eaux du Gange, du Brahmapoutre et de la Meghna, dont les crues ravagent régulièrement le pays.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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